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Conte pour enfant

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-Des mois... Voilà des mois que nous errons dans l'espace en direction de la Terre. Nous avons essuyé des attaques de contrebandiers, des astéroïdes, nous avons fait escale sur des planètes toutes plus hostiles les unes que les autres...Mais nous y sommes presque, enfin.

Notre vaisseau, l' "HERMES IV", est un bâtiment spatial de classe Hybride, destiné au transport d'artéfacts. L'Empereur m'a confié la tâche de transporter l'une des plus précieuses reliques de l'empire galactique cygognien, afin d'en assurer le convoi jusqu'à notre planète mère.
La guerre fait rage depuis des années, et le peuple des Archéons devient de plus en plus fort. Même nos alliés, de toutes races, ont dû reculer devant eux. Tynonians, Md'elechs, J'tyrs, eux parmi tant d'autres sont aujourd'hui asservis, et c'est avec angoisse que nous attendons notre tour.
Cependant, nous essayerons jusqu'au bout de protéger les nôtres contre ces créatures. Dans un effort désespéré, le Sénat et l'empereur se sont accordés sur le fait que sauver l'artefact serait, peut être, notre seule chance de survie. C'est à moi, capitaine de navire Mac Loyd Christopher Elisabeth, qu'il a été fait l'honneur de cette mission-suicide. Peu de mes hommes pensent s'en sortir, et je commence à croire qu'ils ont raison: Nous sommes bientôt à court de carburant, et si nous n'atteignons pas la Terre avant cela, il ne restera plus qu'à prier.

Des bruits de pas précipités résonnent soudain sur le sol métallique. Des mains s'abattent sur la porte de ma cabine, et j'entends une voix paniquée crier à travers l'épais blindage.

-Capitaine ! Capitaine !

Abandonnant mon rasage quotidien, je pose le rasoir sur mon évier et me dirige vers la source du bruit pour découvrir ce qui provoque une telle agitation. Ouvrant la porte, c'est un sergent Slyph au regard agité que j'aperçois sur mon palier.

-Sergent, que se passe-t-il qui justifie un tel vacarme ? J'espère que vous avez une bo...
-Une porte de saut capitaine ! Une porte de saut en vue !

Je crois que si j'avais pu me regarder dans le miroir, j'aurais très certainement vu mes yeux et mes veines s'écarquiller au possible.

-Une QUOI ???
-Une porte de saut ! On va pouvoir rentrer sur Terre !

Malgré tout les romans de science fiction qu'imaginèrent nombre d'écrivains par le passé, la technologie de l'hyper-espace est encore loin d'être un rêve maîtrisé. Il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton et de faire chauffer un moteur à fission atomique pour passer le cap de la vitesse lumière. Ce que nous appelons "porte de saut" est un dispositif excessivement grand, complexe, et surtout: incroyablement coûteux.
Il s'agit d'une immense station de lancement, qui utilise la technologie de répulsion magnétique afin de propulser un vaisseau à une vitesse environ 10000 fois supérieure à celle que ne le permettent nos moteurs, sur une distance somme toute honnorable. Malheureusement, nous sommes encore loins du rêve fantaisite d'atteindre la rapidité de la lumière, et les investissements en stations sont si colossaux qu'il est très rare d'en trouver une hormis dans le secteur 01-0000 AAA: où se trouve la Terre.

Celle-ci, si elle est toujours en état de fonctionner, nous permettra au moins de gagner assez d'inertie pour atteindre notre objectif sans risquer de finir à court de carburant.

-Préparez les hommes, je veux tout le monde à son poste, il faut atteindre la porte avant que les Archéons nous retrouvent.

-Compris capitaine!

L'homme s'enfonce dans les couloirs à toutes jambes, quant à moi j'enfile ma tenue officielle avant de foncer vers le poste de commandement. Une bonne nouvelle, pour une fois, ça nous changeait !

Arrivé à la salle de contrôle, je scrutte mes hommes, afférés à leurs préparatifs. Les machines vrombisssent dans tout le vaisseau, des lumières s'agitent sur les panneaux d'opération,  et la voix de mon second vocifère à tout va des ordres dans chaque recoins du navire.L'un de mes hommes se poste au garde à vous face à moi, et réussit à crier par dessus le tumulte:

-Mon capitaine, nous nous engageons sur la plateforme d'accès, nous allons enclencher les manoeuvres de lancement d'ici trois minutes.

-Bon travail, maintenant vérifier les radars, je n'veux pas qu'une de ces foutues carcasses nous at...

Une énorme secousse, ponctuée d'une explosion loin d'être rassurante m'empêche alors de finir ma phrase. Une bonne partie de l'équipage de la salle tombeà genoux, s'accrochant à n'importe quoi en attente d'un deuxième choc, mais seule l'alarme retentit.

-Ils sont là !

La panique nous gagne. Non ! Pas maintenant ! Pas si près du but !

-Moteur 2 touché, perte de puissance de 13%.Crie alors la voix glaciale de l'ordinateur.

Je me relève en vitesse et court jusqu'au micro, l'arrachant des mains de son propriétaire.

-A tout l'équipage,  les Archéons nous ont rattrapé, alors faites en sorte que ce vaisseau passe la porte avant qu'ils finissent de détruire tout nos moteurs, éxecution !

Hurlant des ordres à chacun de mes hommes, j'entends les tirs ennemis percuter le vaisseau, le rendant chaque fois plus faible, plus lent, plus vulnérable. Alors que le vaisseau s'engage dans le conduit de propulsion miraculeusement ouvert, je prie pour que les lourdes portes se referment au plus vite. Une nouvelle détonation nous secoue encore plus fort, et j'entends une voix crier:

-Moteur 2 3 et 4 HS, bouclier HS, coque endommagée, percées dans le secteur 45-46-47, étage 25 condamné.

-Nous perdons du carburant ! Les réservoirs d'eau et de combustible sont touchés, si on ne se lance pas très vite, nous allons tous y passer !

Je reprends mes esprits et fixe des yeux l'écran principal. Mes lèvres paslmodient des prières à la va-vite, et je regarde avec angoisse la lenteur haïssable de ces maudites portes.
Une voix féminine, robotisée, nous annonce que la capsule de lancement sera close dans 20 secondes. ALLEZ !

Les tirs ne s'arrêtent pas, j'entends des explosions un peu partout dans le vaisseau.

Quinze secondes.

Une trainée de sueur froide me glace le dos, et je mords inconsciemment mes lèvres, frappant du poing pour faire avancer le temps.

Dix secondes.

Un mince filet d'espace nous sépare encore de la sécurité, et mon équipage s'affère déjà à constater les dégâts, et sauver ce qui peut encore l'être.

Cinq secondes.

Un dernier tir, d'une précision infernale, parvient à passer juste entre les portes pour éventrer une nouvelle partie du vaisseau. N'est-il pas déjà trop tard ? Deux...Un...Zéro... Lancement de la capsule à répulsion.

Une onde de choc écrasante nous plaque alors tous à terre. Certains hurlent de peur, d'autres de souffrance, quant à moi je me contente de serrer les dents, les poings, et d'endurer. En temps normal, il y avait des dispositifs pour éviter les effets indésirables de l'impulsion, mais nous n'avons pas vraiment eut le temps de suivre le protocole d'usage...

La vitesse nous traine lentement en arrière, rampants sur le sol vers l'arrière du vaisseau, jusqu'à ce que la gravité artificielle réussisse à maîtriser les effets du saut. La pression baissant peu à peu, nous retrouvons notre liberté de mouvement, non sans arracher quelques gémissements à certains marines.

-Wabler  !
-Oui capitaine !
-Le vaisseau!

S'affairant à quelques rapides coups d'oeil à son écran personnel, la nouvelle recrue me regarde d'un  air coupable, comme s'il se sentait responsable de ce qu'il allait dire.

-La situation est très mauvaise capitaine. Les moteurs sont détruits, nous n'avons ni carburant,ni eau, et l'énergie en stock est à 5%. Autant dire qu'on a tout juste de quoi allumer les lumières et de maintenir en état une partie de la salle de contrôle. Si personne ne vient nous aider très rapidement... et bien...

Il baissait les yeux.

-Regardez-moi quand vous faites un rapport, Walber !
-Oui capitaine! Nous...Nous avons 6 heures devant nous. Après le vaisseau n'aura plus assez d'énergie, et nous allons mourir ici.

C'est bien ce que je pensais. Mais pas le temps de s'appitoyer, la mission avant tout. Nous avons échappé à une mort violente, mais l'angoisse d'une fin lente et douloureuse n'était pas plus réjouissante. Cependant, il faut que l'artéfact arrive sur la Terre. La force d'inertie donnée par la porte de saut nous approchera assez près d'elle, mais nous serrons tous morts bien avant, il reste au bas mot quinze heures de voyage, et les recycleurs d'oxygène ne tiendront pas jusque là.

Je lis dans les yeux du second qu'il est parvenu au même raisonnement que moi. Posant sa main sur mon épaule, j'entends une voix grave et déterminée me dire:

-Capitaine, il faut "le" placer en stase cryogénique, il n'y a que ça pour le sauver.

Acquiesant d'un air sombre, je lance un dernier regard à mes hommes, eux aussi ayant compris ce qui les attend, puis me dirige vers la salle d'entrepôt. Là, trônant au milieu de câbles de soutien, et de murs anti-explosions, j'aperçois le cube d'acier grand d'à peine deux mètres. Courant jusqu'à son flanc droit, j'ouvre la porte d'accès et m'engouffre dans le petit sanctuaire.

Une sphère ovale en alliage renforcé brille dans la pénombre, éclairée par les quelques maheureux rayons de clarté que j'apporte avec moi. Soulevant l'objet, parfaitement lisse, et chaud au toucher, je rassemble mes dernières forces pour me rendre à la salle cryogénique.

J'entends la voix robotisée de l'ordinateur faire le décompte du temps restant avant l'extinction totale (ou presque) du vaisseau, tandis que je passe de salles en salles, ne prettant même plus attention au chaos de chaque pièce ou aux gisants qui s'y trouvent.Une ènième porte s'ouvre, et enfin cette fois ci sur la chambre de stase. Me dépêchant d'ouvrir un des caissons encastrés dans le mur, j'y dépose religieusement l'objet de salut de tout un peuple. Je contemple alors avec patriotisme cette relique marquée du symbole de l'empire cygognien.

Aposant ma main sur le panneau de contrôle, je souris à ce qui sera, je l'espère, l'avenir de l'humanité. La paroi de verre renforcé glisse sur le caisson, et une couche de givre se dépose sur lui aussi vite que silencieusement, comme une  couverture protégeant un dormeur du froid.

De retour à mon poste de commande, je salue mon second, attrape une dernière fois le micro afin d'adresser un message d'adieu à tout l'équipage, et de les remercier de leur immense sacrifice.

-Chers amis, je tenais à vous remercier personnellement, moi, capitaine Ma...


Peu de temps après ces évènements, un vaisseau terrien récupéra la carcasse morte de l'"HERMES IV", vide de presque toute son énergie, diffusant sur les ondes un SOS en continu.
Les unités fouillant le navire trouvèrent à regret les traces d'une violente bataille, une multitude de corps, et pleurèrent longuement la perte de leurs camarades. Cependant, une infime partie de l'énergie du vaisseau n'avait pas encore disparue. En effet, on trouva dans la salle de cryo-stase un caisson en activité, un seul. Il contenait une sphère ovale de métal lisse. Et quand on essaya de savoir ce que cachait l'artefact, celui ci s'ouvrit sur un nourrisson, à peine âgé de quelques mois. Il était maintenu en vie grâce à un sysème de nutrition et de recyclage des déchets, qui avait permit tout ce temps de garder l'enfant vivant et en bonne forme.

Le nouveau né était incroyablement calme. Ou peut-être avait-il déjà trop pleuré pendant l'attaque. La nouvelle  que l'empereur lui même voulait protéger cet enfant se répandit comme une trainée de poudre. L'enfant, qui portait sur un bracelet le nom de Hope, allait devenir le héros, et le sauveur de l'humanité toute entière.

Mais ceci, est une autre histoire.

Note de la rédaction: Quand j'ai demandé à mon père d'où venaient les cigognes qui apportaient les nouveaux-nés, il m'a raconté cette fable.
"Comment faire un bébé" expliqué pour les plus petits. Inspiré d'Isaac Asimov, à la sauce SF.
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